Les acteurs de la filière hévéa ont décidé d’un commun accord, de sauvegarder leurs acquis de ces dernières années au sein de leur organisation.
Jadis, le secteur, en proie à un désordre à cause de la mévente du caoutchouc naturel, à partir de 2015, faisait face à une désorganisation de la commercialisation intérieure de cette matière première, impactant et menaçant la survie des sociétés coopératives de cette filière.
Selon l’honorable Adi Kouamé Isac, président du Conseil d’administration de la FENASCOOPH-CI qui, au cours d’une conférence de presse, revenait sur le contexte de la mobilisation des producteurs d’hévéa, ces difficultés ont failli faire voler en éclats, l’existence de leur organisation.
Ainsi, pour faire face à la situation, 26 coopératives se sont constituées en fédération, afin de mutualiser leurs efforts et défendre leurs intérêts communs.
De cette concertation, naît la FENASCOOPH-CI, avec pour objectif principal de lutter efficacement pour la préservation des intérêts des sociétés coopératives de la filière hévéa, en général. La naissance de cette organisation participe alors, à la réalisation d’un principe coopératif fort qui est la coopération entre les institutions coopératives.
Toujours au dire du PCA, Adi Kouamé Isac, avec la mise en place des dispositions antérieures, les choses vont encore se compliquer en 2018, suite à la crise de la commercialisation liée à la mévente du caoutchouc naturel.
« Certains acteurs (acheteurs et pisteurs notamment), profitant de l’opportunité qu’offre l’Acte Uniforme OHADA, relative au Droit des Sociétés Coopératives, vont créer de nombreuses sociétés coopératives sous la forme de sociétés coopératives simplifiées (SCOOPS). Ces nouvelles sociétés coopératives vont exercer principalement au niveau de l’achat bord champs des fonds de tasse, au mépris des règles en vigueur. Ainsi, ces nouvelles sociétés coopératives qui ne respectent aucunement les dispositions en termes de fonctionnement, de collecte et de commercialisation sur le terrain, font de la concurrence déloyale aux sociétés coopératives de producteurs d’hévéa », a-t-il justifié. Au regard de la situation qui prévalait, la fédération des OPA de producteurs de caoutchouc naturel de Côte d'Ivoire (FPH-CI), puis le Fonds Interprofessionnel pour la Recherche et le Conseil Agricole (FIRCA), commandent chacun, une étude sur l’état des lieux des coopératives dans la filière hévéa en 2021, afin de mieux cerner les difficultés auxquelles celles-ci font face et de contribuer à renforcer leurs capacités.
De l’ombre à la lumière
Il ressort de ces recherches, des insuffisances organisationnelles internes des sociétés coopératives, à savoir, le dysfonctionnement des organes de gestion et de contrôle, l’irrégularité des réunions statutaires, etc., sans oublier les autres facteurs qui limitent fortement leur développement. Notamment, l’insuffisance, voire le manque de financement aussi bien pour l’achat de fonds de tasse que pour la réalisation d’investissements productifs susceptibles de contribuer à une autonomisation des sociétés coopératives, le manque d’investissements pour accroître la collecte et la commercialisation, l’insuffisance des ressources financières pour assurer le volet social de leurs objets, la concurrence déloyale d’autres acteurs, les difficultés rencontrées avec les usiniers, etc. Il ressort des documents que certains des problèmes relevés, sont susceptibles de trouver des solutions à travers des instruments tels que le PNIA 2 et la loi d’orientation agricole de Côte d’Ivoire (LOACI). Mais ces solutions ne sont pas opérationnelles à court terme.
Pour l’honorable Adi Kouamé Isac, une fois les problèmes décelés, la FENASCOOPH-CI a décidé d’organiser un forum avec le thème : « Coopérativisme dans la filière hévéa, menaces et opportunités », dans l’optique de proposer des solutions pour la viabilité et la durabilité des coopératives de la filière hévéa. À ce propos, il a salué à juste valeur, le travail énorme abattu par Michel Koblavi-Dibi, Président du Conseil d'Administration (PCA), élu depuis le mardi 12 juillet 2022.
Au sortir de la rencontre, les acteurs du secteur attendent que soit dressé l’état des lieux des sociétés coopératives de la filière hévéa, évalué l’impact des sociétés coopératives d’hévéa en matière de lutte contre la pauvreté. Que soient faites des propositions relatives au système de commercialisation intérieure et des pistes d’amélioration et des propositions de mécanismes de financement durable pour les coopératives, l’identification des axes de collaboration visant à l’établissement de partenariats ou relations durables entre les différents acteurs de la chaine des valeurs, le recueillement de propositions et de solutions pour le développement et la pérennisation des sociétés coopératives de la filière hévéa.
Notons que la Côte d’Ivoire est 3e producteur mondial de caoutchouc naturel, 1er pays africain avec une production 1,6 tonne de caoutchouc sec, semi transformé.
Elle dispose de 720 000 hectares de plantations d’hévéa avec impact direct sur 180 000 producteurs qui vivent directement de cette spéculation et plus de 4 millions de personnes qui vivent de cette filière.
Venance Kokora