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Enquête express/Jeûne du ramadan : Dur, dur pour les footballeurs locaux !

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C’est un vieux dilemme qui revient chaque année depuis des lustres et personne n’a pu trancher. Concilier jeûne et pratique sportive n’est pas toujours chose facile. Joueurs et clubs sont souvent tiraillés.

I ls sont des millions dans le monde, chrétiens comme musulmans, à observer chaque année, un temps de jeûne (carême-ramadan). Parmi ces croyants, de nombreux footballeurs de haut niveau qui doivent être capables de concilier privation avec activités physiques intenses. Cela peut paraître banal pour certains, mais pour les footballeurs particulièrement, ce n’est pas aisé. Les exigences physiques du football professionnel, surtout avec l'accumulation des matches, mettent le corps des athlètes à rude épreuve. Alors, comment réussir à concilier les deux ? Comment les joueurs vivent-ils cette privation ? Comment les footballeurs parviennent-ils à gérer cette situation ? Et leur santé, courtelle un risque ? En outre, comment cette pratique estelle gérée au sein des clubs et quels conseils peut-on donner aux jeunes joueurs ? Autant de questions qu’on peut se poser. L’Islam, tout particulièrement, stipule-t-il des exceptions qui permettent à un sportif de ne pas jeûner ? Le débat existe et aucune réponse ne fait l’unanimité. Certains se réfèrent strictement au Coran, qui mentionne deux cas de figure dans lesquels il est permis de s'alimenter et de boire, qu'on soit footballeur ou pas. Pour Coulibaly Topio, joueur de l’AFAD, observer le quatrième pilier de l'Islam est une merveilleuse chose, mais « lorsqu'on est professionnel et qu'on n'est pas en mesure de faire son métier sans être amoindri physiquement, alors l'exception est tolérée ». Privilégier sa santé avant tout Pour le footballeur, « le jeûne, c’est très important pour les musulmans, mais la santé passe avant tout ». « Personnellement, je ne jeûne que pendant les jours intermédiaires, entre deux matches. Ce n’est pas trop risqué de jeûner avant ou pendant les entraînements. Mais, avant les matches, il faut faire très attention. La plupart des clubs ivoiriens recommandent de ne pas jeûner 48h avant les rencontres. Cela évite de se retrouver dans des situations difficiles à gérer après. Généralement, je rattrape tous les jours que j’ai manqués. Heureusement, la religion nous permet cela », se félicite-t-il. De gros risques sur le physique, mais… Hadi Khanafer, milieu de l’ES Bafing, d’origine libanaise, est confronté à cette situation pour la première fois en tant que professionnel. « Pour l’instant, j’ai observé le jeûne depuis le début, il y a quelques jours. Je n’ai pas encore été confronté à la situation de devoir suspendre mon jeûne, mais je pense que ça va arriver », avoue le joueur. Mais, soulignet-il, « je pense qu’il y a des dispositions en cas de véritables contraintes. Celui qui n’a pas la possibilité de jeûner se doit de faire des offrandes à des personnes démunies. Lorsque la situation va se présenter, je crois que c’est ce que je vais faire. Après, je pourrais me rattraper pour tous les jours au cours desquels je n’aurais pas jeûné ». Pour Hadi Khanafer, « être footballeur en période de privation, c’est vraiment contraignant, mais chacun y va de ses astuces personnelles. Ne pas jeûner peut avoir un impact psychologique sur les footballeurs, mais je pense que la santé doit être privilégiée ». Observer le jeûne lorsqu’on est footballeur peut avoir d’énormes risques sur la santé physique des athlètes. Ce qui impacte les performances des clubs. Selon la médecine, avec un corps qui a moins d’énergie, le joueur va perdre en lucidité et en explosivité. Pour des joueurs qui sont habitués à avoir une grosse débauche d’énergie, à être très réactifs et explosifs, l’impact va être plus important. Le danger qui guette les sportifs de haut niveau, lorsqu’ils jeûnent en période de compétition, c’est le malaise hypoglycémique, qui se produit lorsque le taux de sucre dans le sang baisse trop. Dr Patrick Bacquaert, accrédité à la FIFA et qui a mené une étude sur la question, recommande d’être « très prudent surtout la première semaine du Ramadan, car celui-ci modifie profondément les habitudes alimentaires et les rythmes du sommeil. Pratiquer un sport sans s’alimenter, sans boire, et surtout en période de chaleur, peut apporter au minimum, une diminution de la force musculaire, voire une hypoglycémie. » Pour le professionnel de la santé, « si l’entraînement reste possible, la compétition est difficile à gérer quel que soit son niveau ». À l’en croire, « les entraîneurs doivent en tenir compte. Programmer des compétitions pendant cette période reste peu compatible avec une diététique sportive de haut niveau et avec la notion de performance. Il faut rester d’autant plus vigilant, car l’entraînement à jeun augmente le risque de chute ou d’accident par baisse de la vigilance, et expose au surentraînement ». Ce n’est pas tout, car pour un joueur professionnel, le Ramadan peut aussi perturber le cycle du sommeil. En effet, le deuxième repas suivant la rupture du jeûne intervient à l’aube, quand le sommeil est généralement profond. Par conséquent, les nuits s’en trouvent perturbées.

Manuel Zako

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