Sortis des universités publiques et privées aussi bien que des grandes écoles avec des diplômes, des milliers de jeunes peinent à s’insérer dans le milieu professionnel. Et cela, bien souvent, en raison de l’inadéquation entre leurs diplômes et le monde de l’entreprise. D’autres, restent longtemps sans emploi parce que sans aucune qualification pour avoir quitté l’école très tôt. Pour donner une seconde chance à tous ceux-là, le service public de l’emploi, dénommé Agence Emploi jeunes, propose plusieurs solutions.
L’école de la deuxième chance. Voilà le nouveau concept lancé, il y a peu, par le gouvernement et qui se veut une autre réponse à l’équation de l’insertion professionnelle des jeunes diplômés et même ceux qui sont sans qualification. En France où des écoles de la deuxième chance ont vu le jour, elles accueillent des jeunes sortis du système scolaire sans diplôme ni qualification. Elles visent à offrir soit une qualification aux jeunes, soit un emploi.
En Côte d’Ivoire, le projet est porté par le ministère de l’Enseignement technique, de la Formation professionnelle et de l’Apprentissage. Au dire du premier responsable de ce département ministériel, l’école de la deuxième chance a pour cible, des jeunes titulaires de la Licence, Maîtrise et même Doctorat ou le BTS mais qui, « malheureusement, n’ont pas été formés au métier ». Selon lui, en effet, l’école de la deuxième chance va « prendre quelqu'un qui a une maîtrise d'histoire, de géographie et d'économie et qui a la passion pour la plomberie, le former comme entrepreneur plombier, entrepreneur électricien, de sorte qu'avec son entreprise, il puisse avoir des marchés et recruter des jeunes qui ont le CAP ». En clair, il s’agit de former à un métier, un diplômé qui peine à trouver un emploi, faute d’avoir une formation répondant aux besoins du monde de l’entreprise.
Des formations qualifiantes pour des diplômés
À la vérité, cette mission que s’assigne le ministère de l’Enseignement technique, de la Formation professionnelle et de l’Apprentissage, est en partie, assurée par le ministère de la Promotion de la jeunesse, de l’Insertion professionnelle et du Service civique, à travers sa structure sous tutelle, dénommée Agence Emploi Jeunes. Autrement dit, ce service public de l’emploi avait défriché, avant l’heure, le chantier de l’école de la deuxième chance en mettant en place, plusieurs programmes visant à offrir une deuxième chance aux jeunes diplômés et autres déscolarisés sans emploi.
Au nombre de ces réponses apportées par le gouvernement, se trouve la Formation Complémentaire Qualifiante ou FCQ. À travers ce programme, il s’agit de former des jeunes titulaires de diplômes académiques ou même de BTS qui n’arrivent pas à trouver un emploi ; leurs diplômes n’étant pas en adéquation avec les besoins du monde de l’entreprise. Ces formations, généralement de courte durée (6 à 12 mois), visent à réduire l’écart entre les formations de base ou initiales des diplômés et les profils exigés pour les emplois disponibles dans les entreprises. Elles sont donc fonction des besoins du monde du travail. Elles débouchent sur un stage en entreprise et sont sanctionnées par un certificat.
Ces formations portent sur divers secteurs d’activité, en fonction des besoins du moment, exprimés par le monde du travail. Depuis le mois de décembre 2021, 50 jeunes sont en formation aux métiers de la banque, notamment assistant chargé clientèle, chargé d’affaire Corporate. Ces jeunes sont généralement des titulaires d’un Bac+2/+3, voire +4/+5. Bien avant cette vague, 70 autres jeunes diplômés avaient été formés au management de la qualité. En juillet 2021, 200 jeunes diplômés ont démarré une formation en fibre optique, dans le secteur des télécommunications. En octobre 2019, 200 autres diplômés ayant bénéficié de cette formation et qui ont pu trouver un emploi en entreprise, ont reçu officiellement leurs diplômes. C’est dire que les formations complémentaires et qualifiantes, assurées par l’Agence Emploi Jeunes, permettaient une requalification et même une reconversion des diplômés et, dans bien des cas, leur insertion professionnelle.
Des apprentis formés et prêts à l’emploi
Mais il n’y a pas que ce programme qui y contribue. Il y a aussi le programme dit d’apprentissage. Comme le précédent, cette formation pratique vise à améliorer l’employabilité des jeunes déscolarisés ou peu scolarisés et n’ayant aucune qualification professionnelle. Il s’agit de faire former ces jeunes par des structures en lien avec le type de formation ou en entreprise. Plusieurs jeunes, généralement âgés de 18 à 35 ans, ont ainsi bénéficié de diverses formations pratiques visant à leur donner un métier. À l’issue de la formation, soit ils décrochent un emploi, soit ils s’installent à leur compte et généralement, après avoir bénéficié d’un financement de l’Agence Emploi Jeunes, dans le cadre de son programme entrepreneuriat. Ces formations, faut-il le noter, sont faites en tenant compte soit des besoins du marché, soit du fait que le secteur est jugé porteur.
La dernière en date, est celle qui portera sur la récolte de régime de palme, formation pour laquelle les jeunes sont appelés à s’inscrire jusqu’au 25 de ce mois. Bien avant, ce sont 1000 jeunes qui ont été recrutés pour être formés aux métiers de la mer, entre autres : charpentier, chaudronnier, cariste, soudeur, mareyeur, sableur, maintenance nautique. En novembre 2021, 500 jeunes, de 18 à 35 ans, ont été recrutés et devraient démarrer une formation aux métiers de la grande distribution. En novembre 2020, ce sont 500 jeunes, de 18 à 40 ans qui ont débuté une formation aux métiers de la mer. D’autres jeunes ont été formés à la menuiserie, l’hôtellerie-restauration, la mécanique auto au sein des entreprises d’accueil. Au dire du ministre de la Promotion de la jeunesse, de l’Insertion professionnelle et du Service civique, Mamadou Touré, ces formations par apprentissage, ont abouti à l’insertion professionnelle de 67,5% des bénéficiaires. On le voit donc, ces deux formations dont l’Agence Emploi Jeunes fait bénéficier les jeunes diplômés ou non, s’apparentent à ce que devrait être l’école de la seconde chance que le gouvernement entend explorer comme une autre solution à l’équation du chômage des jeunes.
Assane Niada