Politique

Retour de Laurent Gbagbo/ Victimes, RHDP, pro-Gbagbo : vers un clash inévitable

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L’ancien président Laurent Gbagbo et son poulain Charles Blé Goudé ont été totalement acquittés le 31 mars 2021 par la Chambre d’appel de la Cour pénale internationale. De fait, ces deux citoyens ivoiriens qui sont désormais totalement libres de tous leurs mouvements pourront regagner leur pays, la Côte d’Ivoire, après une procédure qui aura duré une bonne dizaine d’années. Mais de ce qui ressort des préparatifs entre pro-Gbagbo, victimes et partisans du RHDP, tout porte à croire que ce retour de l’ancien président risque d’être très mouvementé. Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé sont libres de renter quand ils le veulent dans leur pays. Sur ce retour, il n’y a donc aucun doute et aucune opposition. Le chef de l’Etat qui est le premier citoyen du pays et dont l’avis sur la question était beaucoup attendu a déjà donné le la en donnant le feu vert et même des mesures d’accompagnement pour le retour au bercail de son prédécesseur. « MM. Gbagbo et Blé Goudé sont libres de rentrer en Côte d’Ivoire quand ils le souhaitent. Des dispositions seront prises pour que Laurent Gbagbo bénéficie, conformément aux textes en vigueur, des avantages et indemnités dus aux anciens présidents de la République. Ses frais de voyage et ceux des membres de sa famille seront pris en charge par l’Etat de Côte d’Ivoire », avait indiqué le chef de l’Etat le 7 avril dernier, soit une semaine après l’acquittement définitif. Mais seulement voilà. Depuis cette clarification des choses, le mercure politique a commencé à grimper à nouveau. Ses partisans pour qui cette décision de justice est une victoire se préparent à lui réserver un accueil triomphal. En face, les victimes émettent des conditions et souhaitent même l’ouverture d’autres procédures pénales pour ne pas donner carte blanche à l’impunité en Côte d’Ivoire. Mais depuis la fin de cette semaine, un troisième acteur, en l’occurrence le parti est au pouvoir s’est invité dans le débat et rejoint plus ou moins les victimes. Pour le RHDP, pas besoin d’organiser ce retour avec des flonflons. En catimini : Le mot qui fâche Lors de sa conférence de presse du jeudi 27 mai, Adama Bictogo, Directeur exécutif du RHDP a invité les pro-Gbagbo à la mesure et à redimensionner leur projet d’accueil au regard du contexte actuel où les victimes estiment que la décision de justice de La Haye est une injustice à leur endroit. « Le plus important est que le président Laurent Gbagbo rentre comme tous les citoyens ivoiriens. Il est libre, il peut rentrer chez lui. Mais de grâce, en tenant compte des victimes. Que chacun puisse tenir compte de ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire. Chacun de nous sait ce qui s’est passé en Côte d’ivoire en 2011. Je pense que nous devons humblement, hommes politiques que nous sommes, responsables des crimes ou pas, mais le fait d’appartenir à la famille politique, on a un devoir de mémoire vis-à-vis de ces victimes. Vis-à-vis de ces familles qui discrètement dans le silence souffrent, meurtries parce qu’elles ont perdu des êtres chers. Je voudrais que le Fpi et tous ceux qui s’agitent comprennent que ce n’est pas le moment de vouloir organiser des cérémonies d’accueil. Sinon vous aurez aussi en face des gens qui vont organiser des cérémonies de deuil » a indiqué Adama Bictogo. En termes clairs, cela revient à dire que le parti au pouvoir est totalement opposé à un accueil populaire de l’ex-chef de l’Etat. Mais ce qui fonde cette opposition à un accueil triomphal, c’est le traitement infligé à Alassane Ouattara, le leader du RHDP en 2003. Dans les mêmes conditions et quasiment dans le même contexte, le pouvoir d’alors, avec Laurent Gbagbo comme président, s’était opposé à un accueil triomphal du mentor du RDR. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, le RDR qui avait une capacité de mobilisation redoutable a été obligé de se plier à la décision des autorités de l’époque. Et ça, Adama Bictogo l’a rappelé le jeudi dernier, surement pour servir et valoir ce que de droit. « Avec tout le respect qu’on a pour la fonction, je voudrais simplement rappeler lorsqu’en 2003, le président Alassane Ouattara, devait revenir en Côte d’Ivoire, il n’y a pas eu d’accueil. Nous avons voulu organiser un accueil populaire, on nous a interdit cet accueil populaire. D’ailleurs le président Alassane Ouattara souhaitait à l’époque de rentrer de façon sobre parce que nous traversions une période difficile. Il y avait un contexte tendu. Je pense que le sens de la responsabilité commande aussi, à certains moments, que nous ne versions pas dans l'ostentatoire, que nous restions sereins, responsables jusqu'au bout. » a soutenu le ministre Adama Bictogo. Si donc le patron de l’exécutif du RHDP a fait cette sortie, c’est certainement pour rafraîchir la mémoire aux partisans de l’accueil populaire et triomphal. Victimes-Pro-Gbagbo-RHDP : la guerre des trois aura lieu Au nom de la jurisprudence politique de 2003, si hier dans l’opposition, le RDR a accepté malgré lui, de ne pas organiser un accueil populaire à son mentor qui rentrait d’exil, aujourd’hui le pouvoir RHDP dans lequel se trouve le RDR ne va pas non plus accepter qu’on viole ce qu’il a accepté hier. Mais ceci ne semble pas être une préoccupation pour les partisans de l’ancien président dont le comité d’organisation mis sur pied à cet effet continue ses rencontres de proximité pour ce grand retour, en dépit de quelques sons de cloche discordants que l’on entend depuis ce week-end. D’ailleurs en réponse à un média international qui a indiqué que les autorités ivoiriennes militent pour un accueil sobre de l’ancien président, son porte-parole a réagi promptement et énergiquement pour démentir ces allégations. Pour eux, Gbagbo reviendra et il sera accueilli comme un héros. Dans un tel contexte, qu’adviendra-t-il si d’aventure les partisans du parti au pouvoir qui ne veulent pas d’un accueil dans ce format décident de s’inviter dans la danse ? Le troisième acteur et d’ailleurs le plus important de cet imbroglio politique est constitué par les victimes. Ces derniers ne font d’ailleurs aucun mystère sur ce qu’ils préparent. Devant l’effervescence des partisans de l’ancien président, Issiaka Diaby, président du collectif des victimes a lui aussi mis sur pied un comité d’accueil de Laurent Gbagbo. Plus radicaux et plus déterminés, ils ont déjà battu le pavé devant le Palais de justice du Plateau et ont effectué une démonstration de force le samedi 22 mai pour tester leur dispositif d’accueil. Si donc les choses restent en l’état et que les partisans de l’ancien président s’obstinent à organiser un accueil populaire, tout porte à croire qu’il y aura de l’étincelle dans l’air, surtout avec ce que les victimes préparent d’un côté et les militants du RHDP qui ne veulent pas non plus d’un accueil de Gbagbo comme un héros national. Kra Bernard
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