Comment est né votre intérêt pour les métiers du numérique ?
Je pense que le numérique est une passion innée que j’ai vu grandir au fil du temps. J’ai eu l’opportunité de vite côtoyer des outils informatiques grâce à un ordinateur bureautique que nous avions à la maison. Je m’entraînais donc toute seule à utiliser les logiciels basiques de l’ordinateur, principalement le pack Microsoft Office. Aussi, j’avais une facilité de maîtrise des syntaxes et paramétrages des téléphones. J’étais donc celle qui était souvent sollicitée par les aînés pour les aider quand ils avaient des difficultés avec leur téléphone portable. Tout cela a contribué à faire croître mon intérêt pour le domaine du numérique.
Avez-vous appris ces connaissances du digital par une formation académique ?
Oui, j’ai fait une formation académique en informatique. Après l’obtention de mon BAC D, j’ai fait le choix de la filière Informatique et Développement d’Applications pour deux raisons. D’une part, en raison de l’intérêt que j’avais pour le domaine de l’informatique depuis mon enfance, et d’autre part, au regard des stéréotypes qui attribuaient ce domaine aux hommes. Je souhaitais exceller dans ce domaine pour prouver au monde qu’on peut être une femme et exceller dans le domaine des technologies. J’ai également acquis ces connaissances à travers des formations en ligne.
Êtes-vous ambassadrice Google Women Techmakers. Qu'est-ce que ça implique ?
En tant qu’ambassadrice Google Women Techmakers, mon rôle est de promouvoir les technologies auprès de la gent féminine, à travers des formations, des conférences et sensibilisations. Google Women Techmakers est un programme mis en place par Google dans l’optique d’encourager les femmes à s’intéresser aux technologies. C’est donc après un processus de sélection rigoureux que j’ai été nominée Google Women Techmakers.
Que fait exactement la Fondation Centre MARée de LUmière que vous avez fondée ?
Le Centre MARée de LUmière est une organisation à but non lucratif qui a pour vision de contribuer à l’inclusion numérique des femmes, des enfants et des personnes issues des milieux défavorisés. Nous avons donc plusieurs activités que nous menons pour accomplir cette vision, au nombre desquelles le Digital O’Féminin Tour, le Salon du Digital O’Féminin et le Digital dès la Base. Le Centre MARée de LUmière existe depuis 2021 et a obtenu son agrément, en tant qu’association, des autorités compétentes de la Côte d’Ivoire en 2022.
Vous dites avoir formé 500 jeunes femmes aux métiers du numérique. À quoi cette formation a-t-elle consisté ?
D’août 2021 à décembre 2022, nous avons formé gratuitement plus de 500 jeunes femmes aux métiers du numérique dans 9 villes de la Côte d’ivoire, à travers notre projet Digital O’Féminin Tour. Ce projet consiste à former 50 jeunes femmes dans une ville donnée, pendant 5 jours, sur des thématiques comme le Marketing Digital, la conception de site web, l’infographie, le E-commerce et bien d’autres. Cette tournée de formations vise à donner la chance aux jeunes femmes, vivant dans les villes éloignées d’Abidjan, d’avoir aussi la chance de se faire former sur des sujets clés du numérique, afin de contribuer à leur développement personnel et leur insertion professionnelle.
Cette formation répond-elle à un réel besoin de ces femmes ?
Cette formation répond effectivement à un réel besoin des femmes, pour deux raisons. La première est que le numérique occupe aujourd’hui, une place très importante dans notre société. Nous en avons tous besoin pour développer nos activités professionnelles et pour avoir des opportunités. La seconde raison est que les femmes ont longtemps été en retrait dans le domaine des technologies, en raison des stéréotypes leur faisant croire que ce domaine est réservé qu’aux hommes. Ainsi, les femmes ont besoin de bénéficier davantage de ce type de formations afin qu’elles voient l’intérêt qu’elles ont à s’y impliquer.
Que sont devenues ces femmes formées ?
Les jeunes femmes formées sont pour la plupart des étudiantes et des entrepreneures. Ainsi, grâce un sondage réalisé, quelques semaines après les formations, nous avons pu noter que plus de 50% des bénéficiaires, ont eu des opportunités professionnelles. Certaines ont pu améliorer leur projet entrepreneurial, d’autres ont pu avoir un emploi, un stage et quelques-unes ont décidé d’approfondir leurs connaissances sur la question du numérique, en s’orientant vers d’autres formations plus accentuées.
Pourquoi avoir mis l'accent sur les femmes ?
Comme je le disais précédemment, il y a de nombreux stéréotypes qui attribuent le domaine des technologies aux hommes. Ce qui ne motive pas les femmes à s’y intéresser. On constate donc une grande fracture numérique entre la gent féminine et le genre masculin. Je rêve de voir davantage de femmes exceller dans le domaine des technologies et en tirer convenablement profit. C’est en quelque sorte, ce pourquoi, nous avons mis l’accent sur les femmes à travers le projet Digital O’Féminin Tour.
Que gagnent les jeunes et particulièrement les femmes à investir dans des projets numériques ?
Comme on le dit souvent, le digital est l’avenir, moi, je dirai même qu’il est le présent. Comme vous avez pu le constater, certains métiers sont en train de disparaître pour laisser place aux technologies. De plus, les choses s’accélèrent avec le développement des intelligences artificielles. Ainsi, si les jeunes, en général, et les femmes, en particulier, ne veulent pas se retrouver au chômage et perdus au milieu de toute cette avancée technologique, d’ici quelques années, ils ont tout intérêt à s’investir dans les projets numériques. Peu importe le domaine d’activités dans lequel ils exercent, ils auront forcément besoin à un moment donné, du numérique. Alors, autant chercher à s’imprégner du sujet et connaître, ne serait-ce que les bases.
Comment s'y prendre pour gagner de l'argent avec les métiers du numérique ?
La réponse à cette question pourrait faire l’objet d’une formation, rire... Mais, l’essentiel à retenir, est que le numérique est un domaine où il y a à faire pour tout le monde. Il y a une multitude de métiers qu’on peut tous exercer. Alors, pour en tirer profit, il faut déterminer ce qu’on souhaite faire dans ce domaine et se former à travers des plateformes gratuites comme OpenClassrooms. Une fois les bases d’un métier du numérique acquis, il faut savoir se « vendre » et vendre ses services grâce aux réseaux sociaux. Cela relève également d’une formation qu’il est possible de faire en ligne.
Interview réalisée par Venance Kokora
